25/06/2025 reseauinternational.net  4min #282293

Washington et Tel-Aviv ne veulent pas d'une guerre d'attrition. Ont-ils le choix ?

par Mikhail Gamandiy-Egorov

Les régimes étasunien et israélien, en poussant l'escalade au summum avec l'Iran, continuent de pratiquer un jeu de poker duquel ils ne pourront pas sortir gagnants. La perspective d'une guerre d'usure à l'échelle d'autant plus régionale est loin d'être le scénario rêvé pour les deux nostalgiques majeurs de l'ère unipolaire révolue.

Contrairement à la Russie, qui non seulement a assumé une guerre d'attrition contre le bloc otano-occidental dans le cadre de l'Opération militaire spéciale, les États-Unis et Israël dans leur agression contre la République islamique d'Iran montrent clairement vouloir une solution rapide à leurs objectifs malsains, au moment où une autre guerre d'usure pour le camp des nostalgiques de l'unipolarité pourrait leur être fatal.

Le souci pour Washington comme pour Tel-Aviv est que tout en prétendant être en position de force, la réalité sur le terrain est que chaque jour supplémentaire qui passe, notamment en ce qui concerne les ripostes iraniennes, tourne précisément au désavantage des régimes US et israélien. L'Iran semble non seulement s'être préparé depuis de longues années à une éventualité de guerre face à ses ennemis israélo-étasuniens, mais a également étudié l'expérience de l'opération militaire spéciale.

Au contraire, Washington comme Tel-Aviv, dans la pure arrogance qui caractérise les nostalgiques révisionnistes d'une ère révolue, semblaient encore vivre dans le mythe de la superpuissance qui n'existait que dans la propagande des régimes concernés et de l'Occident. En d'autres termes - de la minorité planétaire.

En termes de perspectives, plusieurs points à noter. Trump aura démontré, une fois de plus, se trouver dans la soumission vis-à-vis du lobby pro-israélien. En faisant d'ailleurs la sourde oreille à plusieurs personnes adéquates de son entourage, qui pourtant lui ont accordé un soutien clé dans son élection. À ce titre, sa haine contre la Chine est également liée à la haine du lobby pro-israélien vis-à-vis de Beijing. Sachant que le capital et les investissements massifs de la RPC à l'échelle globale ne se trouvent pas sous contrôle des capitaux et de la spéculation dudit lobby.

Pour ce qui est de l'Iran et au-delà de ses capacités de riposte confirmées, Téhéran dispose encore de plusieurs cartes en main. Sans fermer complètement la porte à la diplomatie, l'État iranien se montre également prêt à l'éventualité d'une escalade supplémentaire, comme d'une longue guerre d'attrition, avec des conséquences aussi bien régionales que globales.

Cela inclut les capacités militaires iraniennes non encore utilisées, le large réseau des alliés régionaux efficaces prêts à frapper l'ennemi en cas de nécessité, sans oublier l'éventualité de la fermeture du détroit d'Ormuz, une éventualité qui aura des conséquences non seulement largement régionales, mais bel et bien globales, notamment dans les volets énergétique et économique mondiaux. Pour rappel, le détroit d'Ormuz - ce n'est pas moins de 20% du transit de pétrole et environ un tiers du gaz naturel liquéfié (GNL) à l'échelle du monde.

Pour ce qui d'éventuelles négociations. L'objectif officiellement déclaré par l'axe israélo-étasunien étant d'empêcher l'Iran à maintenir son programme nucléaire. Bien que dans leur projet initial figuraient simplement l'objectif de mettre l'Iran à genoux en quelques jours de frappes, y provoquer un large mécontentement intérieur et la chute du pouvoir iranien.

Suite à l'échec total des derniers points, il ne reste uniquement que la partie qui concerne le programme nucléaire de l'Iran. La position iranienne à cet égard est claire - le pays ne renoncera pas à son programme nucléaire civil. Cette position est officiellement soutenue par la Russie et la Chine, ainsi que plusieurs autres pays de la majorité mondiale. Cela signifiant que si un accord diplomatique pourrait, éventuellement, être trouvé, le programme nucléaire iranien sera dans tous les cas maintenu.

Une option qui constituera donc une option d'échec total pour Tel-Aviv comme pour Washington, de même que pour l'axe otano-occidental de manière générale. D'autant plus que suite à l'agression subie - personne ne pourra réellement empêcher l'Iran à obtenir, si lui-même le décide, l'arme nucléaire. Ayant à cet effet les capacités techniques, intellectuelles, pratiques et même morales.

Les options donc qui s'offrent aux régimes US et israélien sont tout sauf des options gagnantes, si ce n'est que via les tweets et via les déclarations dans les instruments de propagande occidentale. Soit accepter une solution diplomatique qui permet d'échapper à une guerre d'attrition pour le camp des nostalgiques de l'unipolarité, et dans laquelle l'Iran maintiendra ses capacités dans le volet nucléaire, soit assumer une guerre supplémentaire d'attrition, qui tournera à l'avantage des partisans de la multipolarité et donnera par la même occasion un avantage supplémentaire à la Chine dans plusieurs de ses orientations stratégiques.

 Mikhail Gamandiy-Egorov

source :  Observateur Continental

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